Toboggan

« Toboggan » est sorti le 25 mars 2013 chez [PIAS] Le Label

1. Il neige
2. Amour n’est pas querelle
3. Over and over
4. Le chat noir
5. Belle
6. Robinson
7. Agnus dei Babe
8. Extraordinaire Voodoo
9. Voodoo simple
10. J’ai tué parce que je m’ennuyais

Réalisé par Jean-Louis Murat

Enregistré par Aymeric Létoquart au studio Scarlett
Avec la participation de Robi* et Christophe Pie (« Over and over »).
Et de J. G. et L.

*avec l’aimable autorisation des Disques de Joie

Mixé par Aymeric Létoquart aux studios ICP
Masterisé par Jean-Pierre Chalbos à La Source Mastering

Photo et artwork : Frank Loriou

Management : Marie Audigier / marie@odjmusic.com

Paroles et musiques : JLM Bergheaud
Scarlett Productions Editions, sauf 8 Scarlett Productions Editions-V-Dest Editions

Ecouter :

« Avec ce disque, Jean-Louis Murat a peut-être ciselé le plus beau joyau de sa discographie »
Les Inrockuptibles 4.5/5

« Toboggan nous soulage par son mal et fait du bien, guérisseur. »
Libération (UNE du 25.03)

« Une grande œuvre, intime et familière »
Magic (Album du Mois, avril)

« Toboggan est son album le plus réussi depuis Mustango »
Paris Match

« Murat chante à l’oreille, d’une belle voix grave pleine de densité, des contes remplis de symboles cachés sous des tapis d’émotions. »
« Un disque à écouter dans la pénombre. Ou en plein soleil. »
L’Express

« Une formidable sensation de simplicité qui souligne une écriture sobre portée par sa voix familière. Cette nouvelle sagesse lui va à ravir »
Nouvel Obs

« Toboggan suscite donc dans son ensemble une impression de flottement, de tranquille dérive. »
Le Monde

« Nul doute, Toboggan est un grand disque. »
« Son œuvre se fait cathédrale. Son dernier album « Toboggan » est une messe où il est inutile d’être croyant. »
L’Humanité Dimanche

« Splendide. Il faudrait un Murat pour chaque saison »
Ouest France

« L’écriture de l’artiste brille par ses qualités poétiques et littéraires. »
Le Télégramme ***

« Il se dégage de ce disque une sérénité […] son potentiel est immense. »
LesEchos.fr

« Murat réussit là où beaucoup ont échoué »
Télérama Sortir

« L’artiste se montre toujours affuté et d’une grande exigence envers lui-même. »
Le Figaroscope

« Un beau disque intimiste »
Nice Matin ***

« Un loup sauvage et solitaire. Un peu hors du temps. »
La Provence

« Entre ombre et lumière, raffinement du geste et brutalité des sentiments, l’amour du beau se conjugue chez lui à la rugosité du désespoir »
Sud-Ouest Dimanche (UNE)

« Mélancolique, folk« optimiste, et « supportable pour des enfants » […] On manquait de toi, Murat ! »
Direct Matin Montpellier

« Toboggan est son 22ème album, et sans doute l’un de ses meilleurs, mais on dit ça à chaque fois, tant le niveau d’exigence de Jean-Louis Murat est élevé et son univers attachant et passionnant »
La Dépêche du Midi

« Du Murat pur jus, comme on l’aime. Emouvant, sensuel en diable, un peu venimeux, et finalement si doux »
Question de femmes

Avec lui, ce n’est jamais la même histoire.

Sans doute parce qu’il a en sainte horreur la simple idée de se répéter. De radoter.

Alors, il se fie à ses envies, au hasard, aux coïncidences et continue d’avancer, en ravalant les frustrations liées à ce métier qui ne l’a pas forcément épargné.

Il compose, enregistre, joue. Et vice-versa. Chaque jour, ou presque. De toute façon, il n’a pas d’alternative. Il n’en a jamais eu. “Le meilleur que je peux donner, c’est quand j’ai une guitare entre les mains ou que j’écris une chanson”, explique Jean-Louis Murat d’une voix posée. “En fait, soit je devenais artiste, soit je devenais malfaiteur. Je n’ai jamais vu de troisième case possible pour moi. »

Artisan de la chose musicale “extrêmement prolifique”, il ne sait donc faire que cela.

Ça tombe bien, me direz-vous, parce qu’il le fait bien. Parmi tant d’autres preuves à piocher dans une discographie pléthorique disséminée le long de quatre décennies, on pourrait évoquer Grand Lièvre, sorti en 2011, beau disque épris d’espace, intense et lumineux, joliment écartelé entre ses mélodies enjouées et ses paroles éplorées.

Car il est ainsi, Murat : un homme de contrastes. Le gris ne l’intéresse pas. Ou si peu. Afin de ne pas sombrer dans la routine, il serait même plutôt du genre à “risquer le pire”, mais toujours mu par une authenticité chevillée au corps. C’est sans doute cette authenticité qui fait de lui un artiste singulier, insaisissable, difficile à cerner, impossible à cataloguer, cauchemar de certains journalistes et autres maisons de disques. D’ailleurs, après son départ d’Universal, il s’est retrouvé un temps “chanteur SDF”, avant d’être recueilli par la structure indépendante [PIAS] France avec laquelle il commence aujourd’hui un nouveau chapitre de son histoire rocambolesque.

Un chapitre qui débute sur ses terres. Et pourtant…

De Paris (Dolorès, 1996 – entre autres) à Nashville (Le Cours Naturel Des Choses, 2009), en passant par New York et Tucson (Mustango, 1999) ou Saint-Rémy-de-Provence (Grand Lièvre, 2011), sans oublier Moscou ou Taormina, il en a vu du pays, le résident du Haut Arverne.

Pour ce nouvel album, il a d’abord pensé (re)partir en Amérique. Cette terre qui a tant nourri son imaginaire. Il a même très sérieusement songé s’acoquiner avec John McEntire, l’éminence grise de Tortoise – une idée de collaboration qu’il caresse depuis longtemps. Sans finalement y donner suite. Car c’est bel et bien à domicile qu’il a conçu ce disque.

A l’origine de cette volte-face ? L’enregistrement de maquettes, une pratique à laquelle il ne se plie d’habitude jamais, et qui a fini par lui donner des idées.

Après avoir fait le tri dans la quarantaine de morceaux qu’il avait à sa disposition – comme à son habitude –, Murat a donc façonné Toboggan à la maison, en quasi reclus, dans une solitude qui l’a définitivement encouragé à se défaire de certaines manies. “Il y a longtemps que j’en ai marre d’enregistrer des guitares électriques, des basses, des batteries, des programmations… Je ne voulais plus en entendre parler. J’éprouve un grand ras le bol pour tout ce qui code la musique qu’on aime, et qui n’a plus aucun sens”. Alors, sur ses compositions, il a exclusivement joué d’une guitare aux cordes nylon, réuni quelques instruments qui semblent pour lui être autant de jouets (orgue, synthés, piano, cuivres, boîte à rythmes antédiluvienne…), varié les effets, ajouté des bruits volés au quotidien.

En fait, il a surtout mis à profit les conseils que ne cesse de lui prodiguer depuis tant d’années son ami Robert Wyatt. “Je me suis enfin raccroché à ce qu’il m’a souvent répété : il faut laisser tomber les oripeaux du rock. J’ai fini par comprendre que s’il me disait ça, c’est qu’il devait y avoir un peu de vrai”.

De fait, à l’écoute de Toboggan, on pense parfois à Sea Song, la sublime chanson qui ouvre le grand œuvre du musicien britannique, Rock Bottom (1974), pour cette liberté de ton, ces arrangements déboulant sans crier gare afin de mieux pervertir l’impression première que l’on pouvait avoir de la mélodie.

Ce nouvel album, également marqué par “l’imaginaire des enfants” et moult visionnages de Harry Potter et autres Toy Story, son auteur avoue l’avoir commencé dans “la ténèbre” – pour reprendre son mot exact.

Un disque sombre, Toboggan  ? Finalement, non, comme le laisse entrevoir la photo de sa pochette : si le chanteur se tient en contre-jour, une lumière blanche et douce s’esquisse telle une auréole. “Peut-être qu’à la fin de l’enregistrement, je suis sur le point de sortir du tunnel”, réfléchit-il alors à voix haute. Ici et là, il semble ériger la mélancolie en art de vivre (Il Neige, en guise d’ouverture éloquente ; Belle, élégante ballade aux accents soul), mais donne aussi l’impression de se dévoiler en homme apaisé, comme sur le délicieusement désabusé Over & Over, seul titre où il a accepté un peu de compagnie, avec les présences du vieux complice Christophe Pie à la batterie (que l’on croise désormais avec The Delano Orchestra et St. Augustine) et Robi aux chœurs.

S’en tenant à une discipline qu’il rêve universelle (“il devrait y avoir une loi qui oblige les artistes à n’enregistrer que dix chansons”, déclarait-il au magazine magic en 2011), cet “enchanteur de sentiments amoureux” suggère des émotions, peint des atmosphères, joue avec les mots, découpe les syllabes et chante sur un ton de confesse. Il évoque les addictions sur le diptyque Voodoo Extraordinaire et Voodoo Simple, dialogue avec lui-même le temps du troublant Amour N’Est Pas Querelle. “En fait, ce sont Murat et Bergheaud qui discutent”, explique le principal intéressé. “Il faut savoir que Bergheaud est toujours en guerre contre Murat. Il s’agit d’un petit règlement compte entre eux deux. Cela vient de la perception que les gens ont de moi : on me voit comme quelqu’un de dangereux, toujours prêt à la bagarre… Mais en général, je suis surtout prêt à me battre avec moi-même”.

Tourneboulante, intrigante et fascinante, Toboggan est une œuvre atypique dans une époque qui porte trop souvent au pinacle uniformité, frilosité et pensée unique. Une œuvre qui en dit long sur “l’intransigeance artistique” de cet homme incapable de rentrer dans le moule. Une intransigeance qui prime sur le réel, les contingences commerciales, les ambitions personnelles. Une intransigeance qui fait définitivement de Jean-Louis Murat un artiste différent. Hors du temps.